Meet the French women who fight violence against women: Ghada Hatem-Gantzer

interview conducted by Raphaëlle Jouannic, 3rd generation WAVE Youth Ambassador (2022-2024) from France

Ghada Hatem-Gantzer is an obstetrician-gynecologist and founder of la Maison des femmes de Saint-Denis, which opened in 2016. Directly attached to the hospital, it is the first structure in France to offer comprehensive care to victims of gender-based and sexual violence, combining medical care, psycho-social support and legal advice. Since 2016, 12 women’s centres have opened in France, supported in part by the government at national, regional and local level.

La Maison des Femmes is a Member of WAVE Network.

Every year in France, 93,000 women are victims of rape or attempted rape, and 220,000 women are victims of domestic violence. The Maison des Femmes in Saint-Denis welcomes between 50 and 80 women every day and provides more than 15,000 consultations per year.

Is la Maison des femmes a success-story?

What we’ve managed to do with this adventure is to show that if survivors are really supported, they can get through it. In five years, we have convinced the French Ministry of Health and Prevention to place this issue at the heart of public health by funding this support. We have made a micro-revolution by setting up these structures.

Supporting women who are victims of sexist and sexual violence is long and complex, involving multiple institutions and actors. With la Maison des femmes, you have developed a new comprehensive approach by bringing all these actors together with women to facilitate their path to resilience. Do you already have new ideas for improving this care?  

There is one important topic that needs to be addressed: information sharing. Each actor hides behind professional confidentiality, and women never know what stage they are at in the process (complaint, trial). They would benefit from regular updates on the situation with all the actors involved. But I can only plead for that, I can’t put it in place.

What can you put in place?

We are constantly trying to improve the way we support survivors. Three weeks ago, we opened a 24/7-hour rape clinic, because women don’t want to go to the police station to testify, nor to a medico-judicial unit, but they do want to go to the hospital. We obtained a protocol with the public prosecutor’s office to collect the evidence, freeze it and keep it for three years if the person finally wants to file a complaint. This avoids losing proof, which are very complicated to obtain and keep.

Is France taking action in eliminating violence against women?

Governments have done a lot in the last 10 years. At the time it was not even a subject, today nobody questions it. I still think that the population has not yet taken the measure of all the daily violence and ordinary sexism, which is very much part of any patriarchal society. We need to educate from a very young age and raise awareness on the fact that everyone can take action by condemning a situation that is clearly not right. Everyone needs to understand that when you are a witness and you say nothing, you are also somewhat responsible.

What are the priorities for action in France?

For me there are two important things: to speed up judicial processes and to deal with perpetrators. I hear feminists saying: “If we put money in the hands of the perpetrators, there will be less money for women”. Yes, but if we put in place prevention of reoffending and rehabilitation, that woman who was just a little strangled this time will not die in two years because her husband will have been followed up on and psychologically taken care of.

The WAVE 2022 campaign focuses on femicide, the killing of women because of their gender. Do we need to count femicides?

It is very important to count femicides, because thanks to this, people have become aware that it is not random and that it is always part of the same process, it always happens at the same critical moments. However, to me femicide count does not seem to be a good indicator of   the status of all violence against women, because it will not progress overnight and that will discourage everyone while many actions are being taken.


A la rencontre des Françaises qui se battent contre les violences faites aux femmes : Ghada Hatem-Gantzer 

Ghada Hatem-Gantzer est gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis qui a ouvert ses portes en 2016. Directement rattachée à l’hôpital, c’est la première structure en France qui propose une prise en charge globale des victimes de violences sexistes et sexuelles, alliant soins médicaux, accompagnement psychosocial et judicaire. Depuis 2016, 12 maisons des femmes ont ouvert le jour en France, soutenues en partie par le gouvernement au niveau national, régional et local.

La Maison des Femmes est membre du WAVE Network.

Chaque annĂ©e en France, 93 000 femmes sont victimes de viol ou de tentatives de viol et 220 000 femmes sont victimes de violences conjugales. La Maison des femmes de Saint-Denis, c’est entre 50 et 80 femmes accueillies chaque jour et plus de 15 000 consultations par an.

Quelle est la rĂ©ussite de la Maison des femmes ?

Ce qu’on a réussi à faire avec cette aventure est de montrer que si les femmes victimes de violences sont réellement soutenues, elles s’en sortent. En 5 ans on a convaincu le ministère de la Santé et de la Prévention de placer cette question au cœur de la santé publique en finançant ce soutien. On a fait une micro-révolution en montant ces structures.

L’accompagnement des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles est long et complexe, engageant de multiples institutions et acteurs. Avec la Maison des femmes, vous avez dĂ©veloppĂ© une nouvelle approche complète en amenant tous ces acteurs auprès des femmes pour faciliter leur chemin vers la rĂ©silience. Avez-vous dĂ©jĂ  de nouvelles idĂ©es pour encore amĂ©liorer cette prise en charge ?  

Il y a un sujet qui me tient Ă  cĹ“ur : partager l’information. Chaque acteur se retranche derrière le secret professionnel, les femmes ne savent jamais oĂą en sont leurs dĂ©marches (plainte, procès). Elles seraient gagnantes si on mettait en place des points rĂ©guliers sur la situation avec tous les acteurs impliquĂ©s. Mais je ne peux que plaider pour ça, je ne peux pas le mettre en place.

Que pouvez-vous mettre en place ?

On essaie constamment d’améliorer la prise en charge des femmes. On a ouvert il y a trois semaines un accueil viol 24h/24 parce qu’elles ne veulent pas aller au commissariat pour témoigner, ni dans une unité médico-judiciaire, mais elles veulent bien se rendre à l’hôpital. On a obtenu un protocole avec le parquet pour prélever les preuves, les congeler et les garder trois ans si jamais la personne veut finalement porter plainte. Ça évite de perdre les preuves qui sont très compliquées à avoir et garder.

La France agit-elle pour Ă©liminer les violences faites aux femmes ?

Les gouvernements ont beaucoup fait ces 10 dernières annĂ©es. A l’époque ce n’était pas un sujet, aujourd’hui personne ne le remet en cause. Je pense tout de mĂŞme que la population n’a pas encore pris la mesure de toute la violence quotidienne, du sexisme ordinaire, qui est très inscrite comme dans toute sociĂ©tĂ© patriarcale. Il faut faire un gros travail d’éducation dès le plus jeune âge et sensibiliser au fait que chacun et chacune peut agir en dĂ©nonçant une situation clairement pas nette. Il faut que tout le monde comprenne : quand tu es tĂ©moin et que tu ne dis rien, tu es aussi un peu responsable.

Qu’elles sont les prioritĂ©s d’actions en France ?

Pour moi il y a deux choses importantes : rendre la justice plus rapide et prendre en charge les auteurs de violences. J’entends les fĂ©ministes dire : « Si on met de l’argent chez les auteurs, il y en a moins pour les femmes Â». Oui, mais si on met en place de la prĂ©vention de la rĂ©cidive, cette femme qui a juste Ă©tĂ© un peu Ă©tranglĂ©e cette fois-ci ne mourra pas dans deux ans parce que son mari aura Ă©tĂ© suivi et pris en charge psychologiquement.

La campagne de WAVE 2022 est centrĂ© sur les fĂ©minicides, les meurtres des femmes parce qu’elles sont des femmes. Faut-il compter les fĂ©minicides ?

C’est très important de compter les féminicides parce que, grâce à ça, les gens ont pris conscience que ce n’est pas anecdotique et que ça s’inscrit toujours dans le même processus, ça arrive toujours aux mêmes moments. Le compte des féminicides me parait tout de même un mauvais indicateur sur lequel faire reposer toutes les violences faites aux femmes parce qu’il ne va pas progresser du jour aux lendemain. Ça va démotiver tout le monde alors que beaucoup d’actions sont faites.