Meet the French women who fight violence against women: Marie Dubost

interview conducted by Raphaëlle Jouannic, 3rd generation WAVE Youth Ambassador (2022-2024) from France

Marie Dubost coordinated the network of the National Federation of Women’s Solidarity (FNSF), a network of 78 organizations that welcome, support, and accommodate women victims of violence and their children throughout France. The association has also created and manages the national helpline for women victims of gender-based violence (+33 3919).

85% of deaths within a couple are women and a woman is killed every 2.5 days by her partner or ex-partner. In a survey carried out in November 2022 by Solidarité Femmes and IFOP, 14% of the women questioned indicated that they had been victims of domestic violence during the year.

FNSF is a Member of the WAVE Network.

Why are you part of the WAVE Network?

It is essential to be connected at European and international level. For all political advocacy, FNF bases her work on the Istanbul Convention and its objectives. This is the European Convention on Combating Violence against Women and Domestic Violence. A European network is also useful for exchanging good practices and initiate joint advocacy. Spain, for example, is a model to follow in terms of their proactive feminist policy to eliminate domestic violence.

What is the specificity of FNSF and what is the advantage of a national network?

To have a strong political voice and to ensure that the funds dedicated to gender-based and sexual violence are distributed fairly throughout our territory. To also observe the positive points or dysfunctions and analyze the path of women and children who are co-victims: this made it possible to make proposals for improving legislation or systems. Women victims of violence are a very specific group who needs very specific care, for which our associations have the expertise and methodology. They also aim at empowering women with a feminist approach to support. It is important to recognize the expertise of specialized associations. Organizing in a Federation makes it possible to have funding specifically allocated to victims of domestic violence, to meet around theme days, to run training activities for professionals or prevention activities for young people.

Are financial resources the primary needs of associations?

There is a need for human capacity and therefore also financial resources. What is also lacking is the training of all the different actors who will be in contact with women during their journey: police, justice or medical staff. More and more associations are starting to raise awareness and train these actors, but there are still dysfunctions in the judicial process.

In your opinion, is France committed to fighting violence against women?

There are more and more citizens who are committed to the cause, but at the societal level, France is not yet moving much. There is clearly a political will to deal with this issue, but there is still the application of the laws everywhere on the territory. Many feminist groups want the State to dedicate 0.1% of its GDP, representing 2 billion euros, to the fight against gender-based violence.

The FNSF supports women who are victims of domestic violence, where does the French government stand on this issue?

The State recognizes that there is domestic violence linked to societal and systemic factors. However, real public policies are still lacking at all levels.  If we relied more on organizations advocacy to make reforms, we could unlock a lot of issues, because they find themselves repairing malfunctions, which inflicts a double penalty on women victims. Why report violence if then you lose parental authority and custody of your children? Why denounce violence if then you have to leave the country?

What is femicide?

It is the tip of the iceberg. We see it every day at FNSF, feminicide is the paroxysm of the whole continuum of patriarchal and male violence. FNSF has been talking about femicides since 1980s’. The media coverage started again thanks to the counting of cases by the ‘Femicide by companions/ex’ collective, has been one of the triggers for the recognition of violence against women by the media followed by the State. Counting these cases is good, but how many survivors are still victims 10 years after separation from the perpetrator? We also need to start at the roots, to know how to spot women victims of violence at the first signs, fight against sexist stereotypes, and not only focus on femicides.


A la rencontre des Françaises qui se battent contre les violences faites aux femmes : Marie Dubost

Marie Dubost anime et fédère le réseau de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), réseau de 78 associations qui accueillent, accompagnent et hébergent les femmes victimes de violences et leurs enfants partout en France. L’association a créé et gère le numéro d’écoute national pour les femmes victimes de violences sexistes, le 3919.

85% des morts au sein d’un couple sont des femmes et une femme est tuée tous les 2 jours et demi par son conjoint ou ex-conjoint. Dans un sondage réalisé en novembre 2022 par Solidarité Femmes et l’IFOP, 14% des femmes interrogées ont indiqué avoir été victimes de violences conjugales dans l’année.

La FNSF est membre du WAVE Network.

Pourquoi faire partie du WAVE Network ?

C’est essentiel d’être relié au niveau européen et international. Pour toute action de plaidoyer politique, la FNSF se base sur la Convention d’Istanbul et ses objectifs. C’est la Convention européenne sur la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique. Un réseau européen est aussi utile pour s’échanger de bonnes pratiques et activer des plaidoyers communs. L’Espagne est par exemple un modèle à suivre en ce qui concerne leur politique féministe proactive pour éliminer les violences conjugales.

Et pourquoi la FNSF, pourquoi un réseau national ?

Pour avoir un poids politique important et pour que les fonds consacrés à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles soient répartis de manière juste au sein de notre territoire. Pour également observer les points positifs ou les dysfonctionnements et analyser le parcours des femmes et des enfants co-victimes : ceci a permis de faire des propositions d’amélioration législatives ou des dispositifs. Les femmes victimes de violences sont un public très particulier qui nécessite une prise en charge très spécifique dont nos associations ont l’expertise et la méthodologie. Elles visent aussi l’émancipation des femmes et ont une approche féministe dans l’accompagnement. S’organiser en fédération permet d’avoir des financements précisément alloués aux victimes de violences conjugales, de se réunir autour de journées thématiques, d’animer des actions de formation des professionnel·les et de prévention auprès des jeunes, etc.

Les moyens financiers sont les besoins premiers des associations ?

Ce sont les moyens humains et donc financiers. Ce qui manque aussi est la formation de tous différents acteurs qui vont être en contact avec les femmes au cours de leur parcours : la police, la justice ou le personnel médical. Il y a de plus en plus d’associations qui animent des actions de sensibilisation et de formation de ces acteurs, mais il reste des dysfonctionnements dans le parcours judiciaire.

Peux-tu dire que la France s’engage contre les violences faites aux femmes ?

Il y a de plus en plus de citoyen·nes qui s’engagent dans la convergence des luttes, mais au niveau sociétal, la France n’est pas encore prête à voir une révolution. Il y a clairement une volonté politique de traiter ce sujet, mais entre la volonté et l’action il y a encore l’application des lois partout sur le territoire. De nombreux collectifs féministes souhaitent que l’Etat dédie 0,1% de son PIB soit 2 milliards d’euros à la lutte contre les violences sexistes.

La FNSF accompagne en particulier les femmes victimes de violences conjugales, où en est l’Etat sur ce point en particulier ?

L’Etat reconnait qu’il y a des violences conjugales liées à des facteurs sociétaux et systémiques. Pour autant, il manque encore des vraies politiques publiques à tous les niveaux.  Si on se basait davantage sur les plaidoyers des associations pour faire des réformes on pourrait débloquer beaucoup de dysfonctionnements qui infligent aux femmes victimes une double peine. Pourquoi dénoncer les violences si ensuite tu perds l’autorité parentale et la « garde » de tes enfants ? Pourquoi dénoncer les violences si ensuite tu dois quitter le pays ?

Qu’est-ce que le féminicide ?

C’est la partie émergée de l’iceberg. On le voit tous les jours à FNSF, le féminicide est le paroxysme de tout le continuum de violences patriarcales et masculines. La FNSF a médiatisé les féminicides dès les années 80. La médiatisation a repris grâce au comptage des cas par le collectif « Féminicides par compagnons/ex », un des éléments déclencheurs dans la reprise de ce terme par les médias puis l’Etat. Compter ces cas c’est bien, mais combien de survivantes sont toujours victimes 10 ans après séparation avec l’auteur ? Il faut aussi partir de la racine, savoir repérer les femmes victimes de violences aux premiers signes, lutter contre les stéréotypes sexistes et ne pas seulement se focaliser sur les féminicides.

WOMEN AGAINST VIOLENCE EUROPE